L'andragogie, apprenez la pédagogie pour les adultes et devenez formateur professionnel
Devenez formateur, enseignant : l'essentiel pour enseigner et aborder les métiers de la formation pour adultes
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Devenir formateur professionnel et développer une activité de formation auprès des adultes

Exercices sur l'andragogie

Andragogie : enseigner aux adultes

L’andragogie désigne l’art et la science d’enseigner aux adultes. Bien que les fondements sur l'enseignement et l'apprentissage soient les mêmes, elle s’oppose à la pédagogie sur différents aspects : la démarche pédagogique à employer, la relation formateur-formés, les objectifs assignés à la formation, la représentation des apprenants, la conception des contenus de formation, les activités de formation proposées...

Ce document se propose de trirer les grands traits marquant les différences entre la pédagogie et l'andragogie. Néanmoins, gardez à l'esprit qu'un juste équilibre est toujours à trouver et qu'il est difficile de tracer des frontières bien définies entre ces deux approches. Voyez plutôt ce document, comme une invitation à la réflexion sur les traitements différenciés entre la formation initiale et continue. Les frontières entre ces deux mondes sont poreuses et les pratiques souvent hétéroclites, néanmoins la pédagogie pour adultes (l'andragogie) a des spécificités dont il faut tenir compte dans votre enseignement et vos pratiques.

Ce document se décompose ainsi :

  • Différences entre pédagogie et andragogie
  • Méthodes actives ou passives ?
  • Décalage entre les discours et la pratique
  • Les conditions de l'apprentissage chez l'adulte
  • Le rôle du formateur d'adulte


Différences entre pédagogie et andragogie

Le contexte d’apprentissage des enfants et des adultes varient sur bien des aspects, même si les limites entre les uns et les autres sont parfois difficiles à établir (et parfois caricaturales), nous pouvons néanmoins tirer à grands traits, quelques unes des différences souvent mises en avant...

Pédagogie (école)

Andragogie (formation)

Apprenant

  • Forte capacité d’adaptation
  • Immaturité affective
  • Motivation essentiellement liée : aux notes, satisfaction des parents, de l’enseignant, environnement familial....
  • ...
  • Moins de souplesse intellectuelle, plus grandes résistances aux changements (ancrage des représentations, comportements...)
  • Motivations liées à des enjeux plus ou moins forts (emploi, projet professionnel, environnement social et professionnel...)
  • Une expérience, un parcours de vie
  • La formation peut être vécue comme une régression
  • ...

Groupe

  • Classes à priori relativement homogènes en termes : de niveaux, d'expériences, de représenations... (même si par les classes sociales peuvent être hétéroclites)
  • ...
  • Groupes assez, voir très hétérogènes en terme de parcours scolaire, social et professionnel, d'objectifs... Nécessité d'une pégagogie différenciée, d'une autorégulation, d'une prise en compte de ces différences dans la mise en pratique, les exemples d'utilisation, la démarche pédagogique employée, ...
  • ...

Matière

  • Les programmes sont extérieurs, globaux, nationaux, non discutables et plutôt centrés sur les savoirs que les savoir-faire (peu ou pas de savoir être hormis les cours de moral)
  • Pas forcément de réinvestissement immédiat
  • ...
  • Les programmes sont définis à l'avance mais négociés avec les apprenants en termes de savoirs, savoir-faire, savoir-être.
  • En outre, la formation et son déroulée s'adaptent aux expériences et les savoirs des apprenants et la formation se veut plus ancrée dans la mise en place de solution concrète que de solutions toutes faites.
  • ...

Enseignant Formateur

  • L'enseignant est en position de supériorité par rapport aux apprenants : un savant face à des ignorants, la relation est assez verticale (il mène le jeu)
  • Autorité à priori déjà là
  • ...
  • Le formateur doit asseoir son autorité par la compétence
  • La relation avec les apprenants est plus horizontale (interaction forte avec les apprenants : les connaissances et les expériences peuvent être partagées avec d'autres membres du groupe sur lesquels ils faut se reposer, interpeller, se servir...)
  • ...

Méthodes actives ou passives ?

Les méthodes actives sont généralement plus associées à la formation pour adultes et passive à l'école traditionnelle. Néanmoins, selon les objectifs poursuivis, le temps alloué à la formation, le profil du formateur, le contexte de la formation, le niveau des apprenants... ces méthodes peuvent être utilisées dans le contexte de la formation initiale ou continue.

Quoi qu'il en soit, il est important pour les formateurs et les enseignants de faire la différences entre ces méthodes afin d'être en mesure d'analyser les méthodes pédagogiques qu'ils mettent en oeuvre.

Les méthodes actives et les méthodes passives Fernandez (1991) voit que le choix d’une méthode de formation est crucial pour le formateur. Il la définit en tant qu’une démarche que le formateur suit consciemment pour arriver à un but, elle est constituée par l’ensemble des gestes que le formateur pose et par l’ordre dans lequel il les pose. En andragogie / formation continue, ce chercheur oppose aux méthodes actives les méthodes passives. Pour lui, les premières « impliquent que les personnes en formation agissent, se forment, sont des participants qui font appel à leurs bagages de connaissances et à leurs capacités de découvrir, de réfléchir, etc. Par contre, les méthodes passives n’exigent pas d’action de la part des participants, mais plutôt un état de réceptivité, une disposition à se faire former » (id., p. 41). Fernandez (1991, p. 41-43) associe à chacune des deux catégories de méthodes sept énoncés qui ne sont pas les mêmes, soit :

MéTHODES ACTIVES
MéTHODES PASSIVES
Les personnes apprennent en agissant, en faisant des choses. Ce sont des participants.   Les individus écoutent, répètent, se rappellent. Les individus seront considérés comme des « élèves ».
Elles apprennent en échangeant leurs connaissances et leurs expériences entre elles et avec le formateur.   Le formateur apporte des connaissances aux individus qui apprennent ce qui leur est transmis. Le formateur expose ses connaissances ; il ne fait pas appel nécessairement à l’expérience des élèves, ils n’ont pas à réagir.
Les membres sont invités à participer, à prendre des initiatives, à amener des idées nouvelles.   Les individus ne sont pas appelés à contribuer, à participer ; ils sont dépendants des experts qui contrôlent la démarche de formation.
Les participants son motivés, c’est facile à suivre. Ils entrent dans le processus.   C’est souvent difficile à suivre, on perd le fil, de sorte que les participants restent en dehors de ce qui se dit.
Ils apprennent avec leur tête mais aussi avec leurs « tripes ». C’est un apprentissage complet : intellectuel, émotionnel et pratique.   L’apprentissage est surtout intellectuel. Il se fait surtout « après », à la maison.
Les participants et les formateurs se forment mutuellement, en faisant de nouvelles expériences. Ils trouvent des réponses à leurs questions en échangeant, en réfléchissant, en s’exerçant.   La formation tend à conditionner les gens, qui répètent et apprennent quasiment par cœur. Il n’y a pas de lien direct, immédiat, avec leur pratique de travail ou de vie.
La relation entre les participants et le formateur est une collaboration.   La relation entre le professeur et les élèves est une relation d’autorité.

Décalage entre les discours et la pratique ?

Il y a, selon Honoré (1992), discordance entre discours et pratiques dans le champ. Analysant les pratiques de formation, ce chercheur relève, que, bien que les attentes soient grandes, il y a en fait peu de changements réels. Ce chercheur s'arrête à sept constats:

  1. La majeure partie des actions de formation reste presque exclusivement centrée sur des techniques, la technique apparaissant comme la condition de base, parfois exclusive de la compétence et de la performance;
  2. L’évaluation de la formation reste une grande préoccupation des demandeurs et des prestations, mais ses méthodes n'évoluent guère;
  3. La séparation entre formation personnelle et formation professionnelle reste grande;
  4. L'absence de projet réel pour l'entreprise et de stratégie anticipatrice, rend très souvent la formation inutile ou sans grande possibilité d'application;
  5. Les méthodes conservent encore un caractère strictement informatif et développent la passivité;
  6. Beaucoup d'agitation en formation et peu de changements dans le fonctionnement des entreprises; la conception participative du management est loin d'être acceptée par tous et prend de nombreuses formes;
  7. Les changements non concertés et non coordonnés, les attitudes managériales incohérentes auxquelles s'ajoute dans les services publics l'instabilité très grande dans certains postes, suscitent souvent incompréhension et insécurité, entraînant fréquemment le repli dans des attitudes et des pratiques traditionnelles.

Pareils constats amènent Honoré (1992, p. 114) à évaluer que, Globalement la formation semble réveiller à la fois le changement et l'immobilisme. Elle dévoile les crises et nous rend critiques. En même temps, elle exacerbe les crises et nous laisse dépendants et passifs.

Les conditions de l'apprentissage chez l'adulte

Pour apprendre efficacement, l’adulte doit notamment :

  • Etre motivé. Attention, il n'est pas rare de rencontrer des adultes envoyés en formation à leur corps défendant. Il est donc indispensable de montrer les bienfaits de la formation et de tisser régulièrement des liens entre ce qu'ils apprennent et leurs situations sociales, professionnelles ou personnelles afin de relancer la motivation ou pour la développer. Les motivations peuvent être très variées : satisfaction professionnelle, évolution professionnelle attendue, développement de ses compétences, plaisir d’échanger avec d’autres, goût pour apprendre, etc.…
  • Se sentir intégré dans le groupe. La présentation des membres du groupe et la valorisation des expériences de chacun, les travaux en groupe, seront des éléments à mettre en avant lors de vos formations. En effet, les échanges entre pairs sont un des leviers majeurs d’apprentissage des adultes. Ils favorisent le conflit sociocognitif. La confiance et la bienveillance sont des éléments indispensables pour un dialogue de qualité.
  • Comprendre. Les niveaux étant hétérogènes il est important d'utiliser un langage simple agrémenté d'exemples concrets afin de vous adapter largement à votre public. Attention aux théories fumeuses, aux mots compliqués, aux abréviations, aux jargons …. Le formateur d'adute se doit également d'expliciter les objectifs et les liens entre les activités qu’il propose afin que l'apprenant est une image clair de la formation et puisse savoir en quoi les activités proposées peuvent lui servir. Dans la mesure du possible, l'apprenant doit comprendre pourquoi on fait telle chose à tel moment.
  • Agir: On favorisera pour cela les méthodes pédagogiques actives, c’est-à-dire, celles qui s’appuient sur l’activité des stagiaires et le travail de groupe. Néanmoins, les apports de connaissance peuvent être apporter de manière plus passive afin d'offrir des temps de respiration différents dans la formation. Un juste équilibre est à trouver entre le formateur, les objectifs fixés à la formation et les apprenants. Des feed back réguliers vous permettront de mesurer la température et d'ajuster votre démarche pédagogique.
  • Faire le lien entre la formation et sa pratique. N'oubliez pas que dans la formation continue pour adultes, les personnes en formation doivent en permanence faire des rapprochements entre leurs pratiques professionnelles et les apports de la formation, qui viennent parfois en contradictions avec leurs habitudes ou leurs représentations. Le formateur doit donc veiller à favoriser ce va-et-vient permanent entre expérience et apports nouveaux, par des activités adaptées ou en invitant les apprenants à témoigner de leurs pratiques.
  • Donner du sens aux apprentissages - le fil conducteur en formation d'adultes. En formation d'adulte les stagiaires ont besoin de savoir où ils vont, pourquoi et comment ils y vont et comment on les y mène. D’où la nécessité de définir et communiquer les objectifs pédagogiques, ainsi que de préciser la progression pédagogique proposée tout au long de la formation.

Le rôle du formateur d'adulte

Le formateur d’adulte doit dans la transmission des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être, se reposer sur les savoirs, les savoir-faire et les savoir-être détenus par l'ensemble du groupe. Pour cela, il proposera notamment des situations d'apprentissage faisant appel aux démarches pédagogiques dites "active" afin de favoriser les échanges, le partage des expériences et la valorisation de l’ensemble des savoirs détenus dans le groupe. Dans cette perspective, il faut voir le rôle du formateur plutôt comme celui d'un médiateur, d'un facilitateur : il facilite le lien entre l’apprenant et un contenu (des savoirs, des savoir-faire, des savoir-être) et facilite les relations dans le groupe.

Sites à consulter

 

 

Bon travail à tous et à toutes...